Après un long débat sur ces enfants des rues, dans les rues de Kaolack, Dakar, M'Bour, voici quelques lectures pour mieux comprendre.
Dans JeuneAfrique. com : Profession mendiants
Un site Dakarois sur les talibés : Pots au feux rouges
Un site sur les talibés
Mais surtout, l'oeuvre d'Aminata Sow Fall:
La grève des bàttu, ou, Les déchets humains
Kéba-Dabo avait pour tâche, en son
ministère, de " procéder aux désencombrements humains ", soit : éloigner les mendiants de la Ville en ces temps où le tourisme, qui prenait son essor, aurait pu s'en trouver dérangé. Et son chef,
MourNdiaye, a encore insisté : cette fois, il n'en veut plus un seul dans les rues ; et ainsi fut fait. Mais les mendiants sont humains, et le jour où, écrasés par les humiliations, ils décident
de se mettre en grève, de ne plus mendier, c'est toute la vie sociale du pays qui s'en trouve bouleversée. A qui adresser ses prières ? À qui faire ces dons qui doivent amener la réussite ?
Avec humour, avec gravité aussi, Aminata Sow Fall dénonce dans ce roman les travers des puissants et donne un visage aux éternels humbles, du Sénégal ou d'ailleurs.
Mais également, L'Aventure ambiguë, de Cheikh Hamidou Kane
Voilà un livre fondateur, où se résument
les contradictions vibrantes des héritages différents de l'Afrique contemporaine : héritages socio-culturels liés à l'importance des clans et des familles, héritages spirituels catholiques
ou musulmans, apports scientifiques, techniques, politiques, des traditions occidentales.
Adapté à la télévision (en un temps où Hervé Bourges dirigeait TF1), édité et réédité, le grand livre de Cheikh Hamidou Kane, L'Aventure ambiguë, est peut-être la conciliation la plus
réussie de l'écriture romanesque classique et de la pensée philosophique et mystique de l'Afrique occidentale, dans une prose française parfaitement équilibrée, juste et belle, qui ne s'interdit
pas de prendre des accents poétiques.
L'éducation et la formation de Samba Diallo seront doubles : traditionnelles d'abord, sous la férule religieuse du Maître des Diallobé et l'autorité de la Grande Royale, véritable chef de famille ; occidentales ensuite, par la fréquentation de " l'école étrangère " et les études supérieures parisiennes. Comment conjuguer l'identité peule, toute cette mémoire de sagesse et de rigueur héritée de générations de Diallobé et l'efficacité cartésienne de la civilisation des colons ? Est-ce seulement possible ? Le déchirement intérieur de Samba Diallo, peut-il en faire profiter son peuple ? Peut-il seulement en profiter lui-même ? L'écrivain est un peu dubitatif, irrésolu, et c'est pourquoi l'aventure reste " ambiguë ".
Car telle est la subtile et belle dialectique du métissage, dont Cheikh Hamidou Kane montre bien la complexité, et peut-être l'impossible synthèse : le grand écart entre deux modes de pensée peut-il se réduire, pour éviter l'incompréhension, les dangers, toujours présents, de la folie ? Il n'offre pas de réponse : par son écriture de la douleur et de l'exil intérieur, ce grand écrivain sénégalais est un peu l'anti- Senghor, apôtre impeccable d'une culture francophone qui joue un rôle de passerelle entre Afrique et Occident.
Mais comme celle de Senghor, son œuvre est aussi, par la langue, une célébration affectueuse d'une mémoire noire pétrie de très anciennes valeurs, et toujours imprégnée des couleurs, des saveurs, des senteurs généreuses d'une terre excessive, où l'existence est comme plus dense…-- Khaled Elraz --
Photos sur le site : http://membres.lycos.fr/talibes/
Petite vidéo sur Youtube, sur les talibés